panorama de Barcelone

Barcelone, une ville à voir… et revoir !

J’avais 8 ans quand j’ai découvert Barcelone pour la première fois. C’était en août 1960. Cette année-là mes parents avaient choisi de nous emmener en vacances à Barcelone ou plus exactement à Castelldefels, 15 km plus au sud. Nous avions trouvé là un camping qui n’existe plus : « Los Albatros ». Situé dans une immense et dense pinède au bord d’une plage de sable fin s’étendant sur plusieurs kilomètres, le camping offrait toutes les commodités : des aires de jeu pour les enfants, une supérette, un restaurant, une piscine… Bref pour mes parents c’était l’endroit idéal pour de belles vacances en famille; y revenir allait de soi ! C’est ainsi que tous les étés et jusqu’au début des années 70, invariablement, du 1er août au 31 août nous campions à l’Albatros. Au fil des années nous avons construit des liens d’amitié avec d’autres campeurs, barcelonais pour la plupart. Pour ces gens qui vivaient en ville, camper était une bonne façon de retrouver le calme de la nature et surtout de quitter la fournaise urbaine du mois d’août. Ils y passaient généralement tout l’été. Ils venaient trouver là un peu de calme et de fraicheur sans quitter pour autant leurs activités professionnelles. L’Albatros était leur second domicile. Au mois d’août donc, nous retrouvions avec grand plaisir nos voisins catalans et d’autres français ou allemands qui s’étaient « aventurés » jusqu’ici. Il faut dire que dans les années 60, les touristes étrangers n’étaient pas très nombreux et lorsque nous repérions une voiture immatriculée en France et spécialement en Moselle, le département d’où nous venions, c’était toujours l’occasion d’échanger et de discuter de nos expériences respectives, ici, dans ce bout Espagne. Je les entends encore s’accorder sur le fait que la Catalogne était une belle région, peu chère, mais que par rapport à la France l’Espagne avait une cinquantaine d’années de retard ! C’était le chiffre qui était généralement avancé…C’est vrai que dans cette période ultra-conservatrice et profondément catholique, le pays avait accumulé un retard économique et social considérable et ça se voyait ! Les routes souvent en mauvais état, les charrettes tirées par des ânes ou des chevaux… en étaient les signes les plus remarquables. Lorsque nous franchissions la frontière au Perthus nous avions la sensation étrange d’entrer dans un autre monde. A l’époque de Franco, excepté le bleu du ciel, tout semblait gris. Au pays de la sardane, les gens étaient habillés en noir comme si la couleur était une offense à l’ordre social imposé par le dictateur. Des photographes comme Xavier Miserachs, Juan Colom photographiaient la vie de tous les jours en noir et blanc. Même les voitures étaient grises, comme ces drôles de voiturettes en tôle grises (les biscuters). Quand parfois, en fin d’après midi, nous allions à Barcelone, j’étais frappé par l’étonnant spectacle de la rue. A certains endroits, Barcelone ressemblait à un village; je me souviens de cette étable en plein barrio chino et ces minuscules carrés d’herbes jaunis par le soleil où paissaient quelques vaches faméliques. Dans les années 60 et au début des années 70, il n’était pas rare de croiser dans les rues de Barcelone, des charettes à cheval;  certaines  se dirigeaient  au dépôt central des ordures de la place d’Espagne, à côté des arènes pour y déposer leur cargaison. Dans cette atmosphère grise et laborieuse, les cireurs de chaussures criaient « limpia » (propre), les vendeuses de billets de loterie, avec leur voix criarde prédisaient la chance (« suerte para hoy ») aux passants pressés. Le temps était suspendu, la misère silencieuse. Les gens vaquaient à leur tâche. Et je n’avais qu’une hâte, retourner au camping. Ce n’est que plus tard vers mes 15 ans que ma vision de Barcelone allait changer. A la sortie du camping il y avait un arrêt de bus pour Barcelone. Il m’est arrivé quelques fois, avec l’autorisation de mes parents, d’aller seul en bus dans la grande ville et de les y retrouver à un endroit convenu. C’est dans ces occasions, en me promenant seul dans les ruelles étroites du centre et particulièrement dans celles du barrio chino que j’ai compris comment les aspirations au bonheur, la volonté de mettre un peu de couleur dans sa vie s’exprimaient  dans tous les interstices de la ville. Les bicornes (la police de Franco coiffée d’un casque noir en deux parties) avaient beau exercer un contrôle permanent sur la population, les agitations de toutes sortes débordaient de partout, discrètement, secrètement. De suggestives enseignes annonçaient des lieux de plaisir, des graffitis contre Franco fleurissaient sur les murs. Les juke box de la calle Escudellers ou En Robador diffusaient à fond de la musique gitane. Sur le pas des bars, vers 18h, les gens dansaient, se regroupaient, riaient… Les enfants de Barcelone ne se précipitaient plus pour aller baiser la main d’un curé en soutane noire comme je l’avais vu faire auparavant. J’avais l’impression qu’un vent de liberté commençait à souffler sur une ville et une région durement réprimées pour leur opposition  à Franco. Il faudra cependant attendre sa mort pour que la frénésie du peuple de Barcelone s’exprime à nouveau en toute liberté. Bref, à partir de ce moment-là, Barcelone allait pouvoir tourner la page des années noires pour retrouver de sa superbe. Dans la perspective des  J.O. de 1992, Barcelone allait se faire belle. Une  rénovation urbaine sans précèdent s’enclenchait. Les derniers taudis de Montjuich (la colline qui surplombe le quartier historique) étaient rasés. On démolissait ici, on construisait là. Barcelone se faisait un lifting.  En quelques décennies la ville allait se transformer de fond en comble ! L’intention était claire : s’ouvrir au monde.  Submergée par les visiteurs venus des quatre coins de la planète, la ville s’est alors trouvée face à un problème nouveau: le tourisme de masse. (Ils étaient quelques milliers dans les années 60 ils sont aujourd’hui plusieurs millions à l’investir chaque année). Peu à peu, la ville est devenue une ville de divertissements et de loisirs. Elle est devenue une marque (BCN). Au grand dam des habitants, un tourisme de l’alcool et de la drogue a fait son apparition. Tout ce qui avait été réalisé pour rendre la ville la plus attractive possible et pour offrir aux voyageurs venant d’un peu partout en avion, en train, en bus…, un séjour agréable, (la mise en place d’un système hôtelier pouvant accueillir des millions de touristes, des quartiers entièrement rénovés…) allait générer de nombreuses nuisances. Très vite la municipalité a été dépassée par un phénomène qu’elle avait elle-même suscité et qui désormais lui échappait ! La prolifération de bars et de restaurants à la cuisine de piètre qualité, les boutiques de souvenirs kitsch, les boîtes de nuit… ont fini par éclipser les musées, les théâtres et autres lieux de culture et d’Histoire. Ce long processus de marchandisation de la ville a provoqué la colère des habitants du centre historique. Sur des banderoles fixées aux balcons des immeubles, on pouvait lire: « Touristes dehors ». Regroupés en association, les habitants  manifestaient leur colère et dénonçaient  les comportements de jeunes fêtards incompatibles avec la vie de leur quartier. D’autres phénomènes sont également apparus: une forte augmentation des prix de l’immobilier, une offre hôtelière saturée et de plus en plus chère, l’expulsion des habitants pauvres du centre vers les grands ensembles de la périphérie…(la gentrification).  L’explosion  consumériste de ces dernières années a fait de la ville un gigantesque marché à ciel ouvert avec son cortège de nuisances à tel point que récemment la mairie a pris certaines mesures visant à réguler les flux touristiques. Des expositions sont programmées, les oeuvres sont mises à l’honneur, des parcours patrimoniaux touristiques  en centre-ville et dans la périphérie de la capitale catalane sont organisés et même le gel des programmes de constructions hôtelières. L’idée est claire : réorienter l’image de Barcelone auprès des touristes et en faire une ville durable et habitable. Le problème n’est certes pas simple… Quoiqu’il en soit, dans cette complexité urbaine, je me suis posé la question du temps : celui qui s’est écoulé depuis mes  premières visites de la ville jusqu’à aujourd’hui. Qu’en dire ? La ville a évidemment bougé et c’est normal. Les transformations initiées ont souvent produit, comme je viens de le souligner, des effets délètères au point d’abîmer considérablement l’image d’une ville qui ne manque pourtant pas d’atouts. Il arrive parfois que je ne la reconnaisse plus. Dans ce cas, je me dis que le temps est impitoyable. Il passe, il bouleverse l’état des choses. Contrairement à l’espace, on ne peut plus y retourner; il s’est échappé une fois pour toute. Il reste les souvenirs, les images des époques révolues et ce petit rien de nostalgie qui fait qu’à chaque fois que je retourne à Barcelone je (re) visite toujours un peu la ville de mon enfance et de mon adolescence, une ville qui n’existe plus certes, mais dont le charme ne s’est pas complètement dissipé. 

Novembre 2023. Nous sommes neuf amis à nous être donnés rendez-vous à Barcelone avec le projet de voir ou de revoir la ville. Nous y avons passé 4 jours bercés par l’étonnante ambiance de ses ruelles et de ses quartiers; une belle expérience, éclairée le temps d’un moment coloré, par les lueurs de ce superbe coucher de soleil sur le port.

sur le port de Barcelone
la nuit tombe sur Barcelone
coucher de soleil sur Montjuic

« La ville des prodiges » comme l’appelle E. Mendoza, le célèbre romancier Catalan, est surtout connue pour ses musées et sa célèbre Cathédrale, la Sagrada Familia.  Mais Barcelone, c’est d’abord une ambiance, des lieux insolites, des bars, des ruelles chargées d’histoire, d’art et de vie. Créative, profondément rebelle, en perpétuel mouvement, la cité catalane offre à qui veut sortir un peu des sentiers battus, ce côté merveilleux immortalisé par des auteurs comme Bataille, Mandiargues, Genet, Mendoza, Montalban….

tableau de Barcelone

Flâner dans les ruelles du quartier historique

Au premier voyage à Barcelone on voudrait tout voir :  les musées, les expo, les monuments….Mais face à l’ampleur de cette tâche hautement touristique, commencer par flâner dans les ruelles du quartier historique est une excellente manière de s’imprégner d’une ambiance urbaine pleine de surprises.

scène de rue à barcelone
ruelle du barrio chino
place de Barcelone
tag dans le barrio chino de Barcelone

Le quartier historique regorge de ruelles pittoresques. Chacune d’entre elles raconte à travers une façade, une demeure, une oeuvre….l’histoire riche et captivante de la ville. Même le sculpteur colombien Fernando Botero y a laissé avec « le gros chat du Raval » son empreinte.

le gros chat du Raval
A Barcelone
ruelle du barrio Gothico
dans le barrio Gothico de Barcelone
dans le barrio Gothico
la place réal
façade dans le barrio Gothico de Barcelone
façade du quartier El Born à barcelone

Pont del Bisbe

pont del bisbe

Reliant le Palau de la Generalitat à la Casa dels Canongese, ce pont gothique en marbre est l’un des édifices les plus photographiés de Barcelone. Bien qu’il semble vieux de plusieurs siècles, il fut conçu dans les années 1920 par l’architecte moderniste Joan Rubió i Bellver. La tête de mort gravée sous le pont fut ajoutée par l’architecte après que ses plans pour d’autres bâtiments du Barri Gòtic eurent été refusés ! En poursuivant la balade on arrive devant la Cathédrale Gothique.

La Cathédrale Gothique 

cathédrale Gothique de Barcelone

La cathédrale de Barcelone est l’une des églises les plus grandes et les plus impressionnantes d’Espagne. Elle est également connue sous le nom de cathédrale de la Sainte-Croix et de Sainte-Eulalie. Fondée au XIVème siècle, la cathédrale est dédiée à  sainte Eulalie, co-patronne de la ville. Eulalie était une martyre qui a perdu la vie après avoir refusé d’abandonner sa foi en Jésus. Sa tombe se trouve dans une crypte de la cathédrale. Cette magnifique église est le siège officiel de l’archevêque de Barcelone et est connue pour son architecture gothique étonnante.

Palau Güell

Palau Güell

Le Palau Güell est une des réalisations de Gaudi effectuées entre 1886 et 1890. Cette construction se trouve à l’entrée du barrio Chino, à quelques mètres des Ramblas. C’est le riche industriel et armateur Eusebi Güell, grand amateur des œuvres de Gaudí et aussi l’argentier de ses divers projets qui lui a passé cette commande. Le Palau Güell possède l’un des intérieurs les plus spectaculaires de Barcelone. A voir absolument ! 

palais Güell
palais Güell

Le Musée Picasso

musée Picasso

Le musée Picasso se trouve dans l’une des cinq grandes maisons et palais de la rue Montcada de Barcelone dans le quartier du Born. Les œuvres que l’on peut y voir couvrent la période de 1890 à 1967 mais la majorité du musée présente les premiers travaux de l’artiste ainsi que son enfance. À l’âge de 14 ans, Picasso déménagea avec sa famille de Malaga à Barcelone, Malaga où avec Paris se trouve un autre Musée Picasso.

La Fondation Miro

La fondation Miro se trouve sur la colline de Montjuich. On y accède très facilement grâce à un funiculaire qui part de l’avenue du Parrallel, à la sortie du barrio chino (Métro L3). Cette fondation a été commandée par Miro lui-même. Achevée en 1975, elle comprend plus de 10.000 œuvres d’art : des tableaux, des dessins, des sculptures, des tapisseries et presque toute l’œuvre graphique de l’artiste-peintre, sculpteur et céramiste espagnol Joan Miró, ainsi que d’autres artistes modernes, comme Alexander Calder, Mark Rothko et Marcel Duchamp.

Tableau de Miro
Miro

Les Ramblas

De la place de Catalogne, au Nord, jusqu’à la statue de Christophe Colomb sur le port, au Sud, ce sont 5 ambiances différentes que l’on traverse correspondant aux 5 secteurs qui la constituent. Longue de 1,2km, la Rambla est une promenade particulièrement animée et fréquentée. D’un côté se trouve le barrio Chino et de l’autre le barrio Gothico et la célèbre place Réal.

les ramblas
la rambla des fleurs
la statue de Christophe Colomb en bas des Ramblas
La Rambla au début du 20ème Siècle

La place Real

A l’endroit actuel de la Plaça Reial se dressait autrefois un couvent de Capucins. En 1835, il est ravagé par un incendie et la ville prévoit d’y bâtir un théâtre qui ne verra pas le jour. Un bâtiment en hommage aux rois catholiques devait y être construit au centre (d’où son nom de Place Royale), mais lui non plus  ne vit jamais le jour ! C’est une fontaine de fabrication française qui le remplace: la fontaine des Trois Grâces. De nombreux cafés et restaurants sont installés sous les arcades.  L’endroit est en effet idéal pour s’attabler  à la terrasse d’un des nombreux bars de la place pour observer le spectacle de la place.

place Réal
place réal
la place Réal dans les années 60

Quelques bars et restau

Le quartier Gotique regorge de grands et de petits restaurants en tout genre ainsi que de nombreux bars. S’y arrêter pour boire une sangria ou une bière locale, notamment sous les arcades de la place Réal, se restaurer pour goûter à la cuisine catalane agrémentent joliment la visite. Mais attention, pas n’importe où ! Avec le tourisme de masse nombre de restaurants se sont spécialisés dans une cuisine de très piètre qualité, notamment sur les ramblas ou encore sur la place Réal. La plupart du temps on sert une cuisine fade et sans saveur ! Il reste cependant encore quelques endroits à peu près corrects comme ceux que je mentionne ci-dessous ! Ce sont des restau « historiques » et célèbres qui permettent de s’immerger encore un  peu plus dans l’histoire locale tout en savourant une délicieuse zarzuella, une succulente paella ou quelques « calamares à la romana ». Le 4 Gats  était l’endroit qu’affectionnait Picasso, Las Cuilleretes un des plus anciens restau de la ville, la Casa Leopoldo, le restau de Montalban et Los Caracolès le restau où se rendirent Miro, Carter, Dali et Gala et d’autres personnalités du monde des arts et de la politique.  

El 4 Gats
restaurant Can Cuilleretes
restaurant Los Caracoles
la Casa Leopoldo

Pause gourmande au restaurant « Los Caracolès »

au restau "Los Caracoles" de Barcelone
Los caracoles de Barcelone

 Se balader à vélo

A velo à barcelone

Quand le temps s’y prête, le vélo est parfait pour découvrir la ville, bien au-delà du centre historique. Avec plus de 200 km de pistes cyclables la capitale catalane dispose d’un réseau particulièrement bien aménagé. L’itinéraire commence chez un loueur de vélos du barrio Gothico.

barcelone à vélo: un circuit

Le circuit proposé d’une quinzaine de 15 km. se déroule en partie sur des pistes cyclables. Il permet de visiter les lieux les plus emblématiques de Barcelone et d’aller encore un peu plus à la rencontre de l’histoire de la ville et de son évolution.

 1 Départ du quartier Gothique

balade à vélo à Barcelone

   2 – L’Arc de Triomphe

Après avoir traversé le barrio Gothico et longé les ruelles du quartier El Born on arrive sur une esplanade à l’extrémité de laquelle se trouve l’Arc de Triomphe. Erigé comme l’Entrée principale de l’exposition universelle de 1888, il est situé sur une allée permettant d’accèder directement au parc de la Ciutadella.

arc de triomf de Barcelona

   3 – Le parc de la Ciutadella

Le parc de la Ciutadella, comme l’arc de triomphe a été réalisé en 1888 pour l’exposition universelle. C’est un des plus anciens et des plus grands de la ville. D’une surface de 30 hectares il est constitué d’allées bordées de palmiers et d’orangers et d’un petit lac sur lequel des  barques naviguent. La cascade joliment aménagée et le jardin à l’anglaise donnent au lieu cet aspect romantique qu’apprécient les gens qui s’y baladent. C’est une oasis de tranquillité au milieu de la ville agitée avec beaucoup de verdure et de sentiers. Pour un peu on se croirait à la campagne.

a vélo dans le parc de la citadelle
le parc de la citadelle

   4 – La Barceloneta et la plage de Barcelone

la balade se poursuit  jusqu’à la Barceloneta, l’ancien quartier de pêcheurs de  la ville, juste au bord de la plage. Considéré  comme le quartier « bobo » de Barcelone, on y retrouve de nombreux cafés et restaurants où manger  du poisson et des fruits de mer.  

à vélo au bord de la plage de Barcelone

la balade se poursuit  jusqu’à la Barceloneta, l’ancien quartier de pêcheurs de  la ville, juste au bord de la plage. Considéré  comme le quartier « bobo » de Barcelone, on y retrouve de nombreux cafés et restaurants où manger  du poisson et des fruits de mer.  

piste cyclable à barcelone
fête sur la plage de barcelone

Difficile d’imaginer que sur la plage de Barcelone (la platja del Somorrostro) se trouvait un bidonville. Là s’entassèrent des familles (plus de 15000 personnes) venues d’Andalousie et majoritairement gitanes dans une misère extrême. Le bidonville fut rasé à la fin des années 60. Une promenade du bord de mer avec ses bars et ses restaurants en a effacé la trace. Il reste des photos.

le bidonville de somorrostro

    5 – En route vers la Sagrada Familia

Après ce petit détour par la plage, la Sagrada familia n’est plus très loin (environ 4 kimomètres). En chemin on aperçoit d’abord la fameuse « tour Gloriès » encore appelée, vue sa forme, par les Barcelonais « le suppositoire ». Elle est l’oeuvre de Jean Nouvel chargé de réaliser, après la Sagrada Familia, une autre icône à Barcelone, résolument moderne celle-là, inspirée des gratte-ciels Asiatiques.

La Tour Gloriès

la tour Gloriès

La Sagrada Familia

La Sagrada Familia

La construction démarre le 19 mars 1882. Depuis cette date, la Cathédrale est toujours en chantier et la fin des travaux est prévue pour 2026. Monument emblématique de la ville, il est connu dans le monde entier comme l’oeuvre de Gaudi et comme l’exemple le plus fouillé du modernisme catalan.  L’audace avec laquelle le jeune Gaudi (il a alors 31 ans quand il reprend le projet de Francisco de Paula del Villar), va concevoir « sa » cathédrale est exceptionnelle. Le projet est immense, l’ambition démesurée. Renversé par un tramway, Antoni Gaudí décéde le 10 juin 1926. Il est enterré dans la crypte le 12 juin 1926.

Une visite à l’intérieur de la Sagrada Familia est souhaitable. Il faut y entrer, voir la crypte, les ateliers de Gaudi, gravir les escaliers étroits pour se hisser  dans l’une des tours…Mais le fait qu’elle soit véritablement prise d’assaut, que chaque jour d’ouverture des milliers de visiteurs s’y pressent permet très difficilement d’y accéder. A défaut de pouvoir entrer dans la cathédrale, on peut poursuivre son chemin et visiter l’oeuvre de Lluis Domenech y Montaner, l’Hôpital San Pau, à 800 m. de là. Là, il y a très peu de monde et pourtant cette réalisation moderniste est impressionnante et tout aussi digne d’intérêt.

L’Hôpital San Pau

l'Hôpital San Pau

L’ancien hôpital de san Pau est l’un des exemples les plus importants du Modernisme catalan, la version catalane du mouvement Art Nouveau. Il a été conçu par l’architecte Lluis Domenech i Montaner. La construction débuta en 1902  dura 28 ans. Ce surprenant hôpital a été créé dans le but de s’apparenter à un petit village moderniste dont la fonction était de contribuer à la guérison des patients dans un environnement agréable.

 

hôpital San Pau de barcelone

En redescendant sur la place de Catalogne, sur le chemin du retour , on passe devant une autre réalisation de Gaudi : la Casa Milà, également appelée la Pedrera.

la pedrera

La Casa Milà (1906-1912) est un bâtiment construit par l’architecte Antoni Gaudí à la demande de Pere Milà et de Roser Segimon. Le nom de la maison, « Casa Milà », est dû au fait qu’il s’agissait de la nouvelle résidence de la famille Milà. Les époux occupaient le rez-de-chaussée et louaient les autres logements. La Casa Milà est le bâtiment civil emblématique d’Antoni Gaudí, aussi bien en raison de ses innovations en matière de construction et de fonctionnement que pour les solutions ornementales et décoratives qu’il y a apportées. Il s’agit d’une œuvre d’art intégrale.

Barcelone en noir et blanc

Les photos publiées ici rappellent pour certaines  la Barcelone des années 30, pour d’autres celle des années 60. Elles ont été faites pour la plupart par 2 célèbres photographes: Xavier Miserachs  et Joan Colom

à l'entrée du barrio chino
entrée du barrio chino
les ramblas dans les années 60

La plage de  Somorostro dans les années 60. C’est là que vinrent s’installer les familles gitanes et andalouses.

déchargement de cagettes devant le marché de la Boqueria (années 60)

barcelone années 60
ruelle du barrio chino dans les années 60

Barcelone à travers les romans

Barcelone a inspiré et continue d’inspirer nombre de romanciers catalans et étrangers. La ville constitue la toile de fond de leur récit. C’est à un autre voyage que ces auteurs nous convient. J’en ai sélectionné quelques-uns.

La ville des Prodiges.  Eduardo Mendoza 

La ville des prodiges raconte la Barcelone du XIXème siècle, celle qui prépare en grande pompe l’Exposition Universelle de 1887 et où tout est possible. Avec beaucoup d’humour, Mendoza brosse le portrait d’un homme d’origine modeste qui gravit tous les échelons jusqu’à devenir un industriel talentueux et reconnu. Plus largement, ce livre est une immersion historique dans une Barcelone en plein « progrès » et dans le quotidien de ses habitants de l’époque. Un incontournable.

Le bleu du Ciel. Georges Bataille

Ecrit en 1935, mais paru en 1957, le Bleu du Ciel  raconte les pérégrinations compliquées d’un homme perdu dans la  Barcelone des années 30, dans les bouges du barrio chino ou dans le célèbre cabaret « El Molino ». C’est  sur fond d’insurrection communiste qu’évolue le héros du roman : Henry Troppman. A l’époque on dit qu’il annonce le Meursault de Camus ou le Corentin de Sartre, des êtres un peu perdus face à l’absurdité du monde, dégoûtés par les horreurs de la réalité. Le  personnage de Bataille fusionne comme il le fait dans ses autres romans les pulsions de mort et de vie, allie Éros et Thanatos.

 Le journal du voleur. Jean Genet.

C’est à l’âge  de trente-cinq ans que Jean Genet a écrit ce livre en grande partie autobiographique. Il y  évoque sa vie de 1932 à 1940 et spécialement son existence de misère en Espagne et particulièrement dans le quartier interlope du Barrio Chino à Barcelone. Avec les yeux de Genet et sa façon d’habiter les bas-fonds de la ville c’est tout un quartier aujourd’hui disparu que .l’on découvre… Sartre et Simone de Beauvoir ont écrit la préface du livre.

 La marge. André Pieyre de Mandiargues.

le héros est en voyage d’affaires à Barcelone quand il reçoit en poste restante une lettre de sa vieille nourrice. Elle lui annonce une mauvaise nouvelle. Il lit la lettre mais  ne veut en  découvrir que les premières lignes. Elles suffisent à lui faire comprendre qu’une tragédie est arrivée dans sa vie. N’ayant pas la force de l’affronter tout de suite, il va errer dans Barcelone et ses quartiers « chauds »…. L’auteur réussit ainsi  à nous embarquer avec son héros dans une tragique errance qui se déroule dans le dédale des ruelles des  barrio Gothico et chino. 

L’ombre du vent. Carlos Ruiz Zafon

Dans la Barcelone de l’après-guerre civile,  marquée par victoire de Franco, la vie est difficile, les haines sont vivaces. Un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon , dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L’enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d’occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie et l’entraîner dans un labyrinthe d’aventures et de secrets enterrés dans l’âme de la ville : L’Ombre du Vent.

La joyeuse bande d’Atzavar. Manuel Vasquez Montalban

Été 1974 : pendant que Franco agonise, un groupe de bourgeois barcelonais, avides de connaître la libération des mœurs avant qu’il ne soit trop tard pour eux, passe des vacances à Atzavara, non loin de la mer. Dix ans plus tard, quatre des protagonistes de cet été-là font le récit de ces jours anciens : quatre visions absolument différentes, peut-être aussi vraies les unes que les autres, si tout n’était qu’illusion.

Recettes immorales. Manuel Vasquez Montalban

Le romancier présente certaines recettes qu’il a pris soin de  détailler dans ses précédents romans. Il ne se contente pas de donner des recettes raffinées, mais aussi les accompagnements que les plaisirs de la table suscitent. De la table au lit, il n’y a pas d’immoralités pour l’auteur.  « Chacune de ces recettes est un pari pour une autre morale possible, pour une morale hédoniste à la portée des partisans du bonheur immédiat, consistant à user et même à abuser de connaissances innocentes : savoir cuisiner, savoir manger, essayer d’apprendre à aimer. « 

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